Un sourd fait une rencontre à l’aveugle et découvre le secret de PICASSO

PICASSO la femme qui pleure

PICASSO la femme qui pleure

Il faut dire qu’il est parfois préférable de rester dans son domaine de handicap.

La dernière fois que j’ai accepté un rendez vous « à l’aveugle« , il m’a été offert une occasion rare de rencontrer une personne tout à fait particulière.

Cette femme, d’un âge incertain, avait mené une existence très singulière et même peu commune, je dirais. Puisqu’il ne s’agissait ni plus ni moins que de la femme qui travaillât jadis comme modèle pour le célèbre peintre-sculpteur Pablo PICASSO. Oui oui, rien de moins. Le vrai modèle de Pablo Picasso, en chair et en os. Excusez du peu !

Nouvellement inscris sur un site de rencontre, et aussi ignorant qu’un petit lapin de trois semaines quand aux mœurs de mes contemporaines internautes, j’avais -naïvement- accepté de dialoguer (de chatter!) avec elle sans la voir. Son profil ne comportant aucune photo. Nous entretînmes toutefois une conversation joviale, intéressante à plus d’un titre et sur certains sujets, nous ne manquions jamais du raffinement qui s’impose dans cette situation à tout célibataire qui se respecte. Elle avait voulu que l’on se rencontre rapidement. Je fus donc convié à prendre un café en sa compagnie dans un bar « sympa ».

Quand elle se tint en face de moi, je fus stupéfait. Jamais je n’avais vu quelque chose de semblable. Son visage était totalement déformé. Écartant de mon esprit la thèse de l’accident ou d’une reconstruction faciale ratée, je perçus dans ses traits l’œuvre d’un quelconque samouraï sous amphétamines, sculptant par une succession de coups de sabres vifs et précis ce visage hors du commun. Bien qu’elle semblait en parfaite santé, son teint variait, selon les endroits, du vert pâle au jaune le plus écarlate. Puis, l’hypothèse que ce fusse une création humaine s’effondra. Oui, cela pouvait ressembler à une forme de « création divine » peut être même à « de l’humour divin » (franchement cynique, dont l’ ornithorynque fut la première victime). Mais en mon for intérieur, je tablais sur une malencontreuse erreur de distribution dans l’emplacement des éléments du visage. Je serais d’ailleurs bien incapable de vous répondre sur ce sujet, car souhaitant entamer cet entretien dans de bonnes conditions, je décidais d’éviter les sujets fâcheux.

M’efforçant de faire preuve d’originalité en une pareille occasion, je l’interrogeais sur son activité professionnelle. Elle m’expliqua alors comment elle avait consacré toute une période de sa vie à l’art, en posant, uniquement et exclusivement pour le maître du « Cubisme« . C’est elle que l’on voit par exemple, sur le célèbre tableau « La femme qui pleure » (photo) et bien d’autres toiles encore. Et moi -et je ne pense pas être le seul- qui pensais que c’était l’imagination du peintre qui avait entièrement déformé les traits de son visage selon les lois du cubisme. Et bien non ! Je découvrais, en voyant cette fille de mes propre yeux, l’incroyable vérité: PICASSO s’était contenté de reproduire fidèlement son portrait. Un cliché instantané pour ainsi dire. Une fade copie conforme sans saveurs.

Je ne comprends donc pas ce qui à pu provoquer par la suite un tel engouement pour cette toile, et sa soi-disant forme « surréaliste« , alors que ce n’était qu’une banale reproduction de la triste apparence de cette fille. Mais tout cela avait toujours été gardé secret. Comment un artiste mondialement connu aurait-il pu avouer une telle chose, une telle non-création ? Sa légitimité et sa réputation auraient été immédiatement remises en cause, et les critiques auraient fusé de toute part.

Et cette pauvre fille se tenait là, devant moi et se livrait en racontant son calvaire pour la première fois, m’inspirant instantanément une profonde empathie (mêlée d’un fou rire contenu).

Je lui promis donc de ne pas ébruiter son secret dans la presse, ni dans aucun autre média (je compte aussi sur vous et votre légendaire discrétion) et tournais les talons sans plus tarder.

Cette découverte remet incontestablement et totalement en question le « courant cubiste ». Il est évident que cette affaire, si elle venait à éclater au grand jour, porterait un coup fatal à l’admiration que tout le monde voue à PICASSO, suivi immédiatement d’un effondrement des ventes de monospaces Citroën éponymes, déjà fragilisées en cette période de crise.

En tout cas cette rencontre insolite à fait naître chez moi un regard nouveau et beaucoup moins admiratif sur le travail du célèbre peintre espagnol, mais aussi et surtout une méfiance envers les profils non fournis de photos sur les sites de rencontre.

Je me résignais par la suite à ne jamais renouveler cette expérience de rencontre « à l’aveugle » et à rester sagement dans ma condition de sourd.

 

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