Un Prophète de Jacques Audiard

Un Prophète de Jacques Audiard.

J’ai d’abord vu ce film au cinéma, pour les images. Puis je l’ai revu à la télé, avec les sous titres, pour les dialogues.

Au cinéma, je me rappelle avoir ressenti quelque chose de très fort lors de la scène de fusillade dans le 4×4.

Le héros (Malik) se jette dans le véhicule et flingue tous les occupants (dans la panique, un des gardes du corps tire sur son associé qui a le malheur de se trouver au mauvais endroit).

A la fin de la fusillade, Malik , initiateur mais seul rescapé de cette boucherie, reprend ses esprits alors qu’il est recouvert du corps d’un des gardes du corps (ben oui, il ne restait que le corps du garde, celui qui s’est fait descendre par l’autre garde du corps qui n’a pas su garder ses nerfs, et qui à perdu son corps aussi d’ailleurs !).

Après quelques contorsions, il parvient à se dégager de cette inconfortable et macabre étreinte, et constate que par miracle il n’est pas touché. Et c’est bien un miracle, car sortir d’une fusillade se déroulant dans un espace aussi confiné qu’un 4×4, et subissant une promiscuité frisant l’insupportable avec les autres tireurs, cela n’est pas une chose aisée.

De cette épreuve, il ressort du véhicule complétement groggy, mais aussi et surtout, atteint d’une surdité temporaire due au nombreuses détonations que son ouïe a subit.

En rejoignant son complice dans un camion, quelques mètres plus loin, il tente de se déboucher les oreilles en les comprimant avec les paumes de ses mains ou en se frictionnant le conduit auditif avec son index. Mais cela ne lui apporte rien.

C’est au moment ou il monte dans la fourgonnette, et que son comparse lui pose une question, que j’ai ressenti ma plus grande émotion du film !

Complètement découplé avec la réalité et gêné par sa perte d’audition, il crie assez fort un truc du genre: « Quoi, qu’est-ce que tu m’a dis ? J’entends plus rien ! j’ai les oreilles complètement bouchées et je m’entends parler ! Démarre, on parlera plus tard !  »

Je me suis dis: « Ça y est, il est comme moi, il est sourd ! Il va ressentir ce que je vis à longueur de journée. Mais il a de la chance, pour lui ce n’est que provisoire. »

Je me suis complètement retrouvé dans le personnage lors de cette scène. Je crois d’ailleurs que c’est le seul moment ou je m’y suis identifié. Car n’ayant jamais été en prison ni flingué d’autres personnes, c’est le seul passage ou j’ai pu faire cette « projection » sur le héros.

D’ailleurs, je tiens à signaler à nos amis lecteurs qu’il est parfaitement inutile de reproduire cette scène de fusillade dans le seul but d’expérimenter le fait d’être sourd, et de ressentir ainsi l’état dans lequel je me trouve. Des boules Quiès en cire, bien enfoncées, assorties d’un casque anti-bruit de chantier feront parfaitement l’affaire et l’effet sera des plus réalistes. Vous épargnerez ainsi des vies, vos oreilles, et l’achat de ce type de matériel vous coûtera moins cher qu’un pistolet et un 4×4.

 

Laisser un commentaire